Pendant près de quinze ans, les territoires urbains ont été au cœur des explorations artistiques de Caroline Bouyer : quartiers en mutation et lieux symboliques témoins de nos modes de vie. Cette démarche a été amorcée par un premier travail effectué dans la Zac Rive Gauche du XIIIe arrondissement de Paris. Sillonnant plus largement Paris et sa banlieue, en particulier la Seine Saint-Denis, Caroline Bouyer élargit le champ jusqu’à la zone industrialo-portuaire de Dunkerque.
En 2014, son attention se porte sur le périphérique parisien, motivée par l’envie d’investir cette métaphore du passage, objet sociologique, frontière poreuse entre deux mondes, en tentant d’y porter un regard intime et singulier.
Les chantiers de construction, les friches industrielles, lieux de passages, couloirs de transition, entre-deux lieux, « demi-lieux », non-lieux, ont été un prétexte pour aborder, par le biais de la gravure, le thème de la mémoire et de l’appropriation d’un territoire.
Au fil de ses explorations, Caroline Bouyer collecte des séries de dessins qu’elle reprend dans son atelier et qu’elle retravaille à l’aquatinte ou au carborundum.
Opérant une sorte de transhumance du milieu urbain vers le milieu naturel, elle investit ensuite ces sources d’inspiration en recomposant des paysages imaginaires dans lesquels fourmillent des multitudes de détails et de signes qui nous amènent à nous perdre. Elle s’éloigne maintenant d’une représentation formelle pour développer une écriture plus poétique et onirique et qui assouvit un besoin profond de retraite et de ralentissement, une aspiration de déconnexion et de retour aux sources.
C’est le travail exploratoire et expérimental d’un va et vient constant entre le dessin et la gravure qui donne lieu à des séries de pièces uniques où les deux médiums s’entremêlent.
Caroline Bouyer s’est emparé de la gravure à l’École Estienne, qu’elle n’a jamais quittée. Aujourd’hui professeure référente du DNmade Gravure, Images-Imprimées, à l’École Estienne, elle est aussi formatrice en gravure au G.R.E.T.A. Création Design et Métiers d'Art et intervenante pour Institut National du Patrimoine.
Elle est lauréate de nombreux prix : 1er prix “ Prix Espace Beaurepaire” 2020 ; 1er prix ADAGP section gravure, salon d’Automne Paris, 2015 ; 1er prix Lacourière, Bibliothèque Nationale de France, 2012 ; 1e mention, prix Lacourière, Bibliothèque Nationale de France, 2010 ;1er prix de la Biennale de Saint Maur, Saint Maur, 2009 ; 2e prix Estamp’ art 77, France, 2006, ; 1er prix Grav’x et Fondation de France, Galerie Michèle Broutta, Paris, 2005; 3e prix du Salon d’Automne, section livre d’artiste, Paris, 2003 ; Prix Guy Levis-Mano pour le livre d’artiste La fourmi électronique de P. K. Dick, 1993).
Son travail est entré dans de nombreuses collections : Musée Carnavalet, Paris ; Musée du dessin et de l’estampe originale, Gravelines; Bibliothèque nationale de France, Paris ; Artothèque les Dominicaines, Pont L’Evêque, Centre d’art de Châtellerault, « La réserve » Vannes, Artothèques Air France, Orly et de Villiers-Le-Bel.
Elle expose son travail auprès de la Galerie Nomade de Nathalie Béreau depuis plusieurs années.
Livres d’artiste : Le Bestiaire Nahuat, livre d’artistes, le Collectif, Chicago, 2006. Boite de sardines, C. Bouyer, à compte d’auteur,1999. Petit cirque de Babel, C. Bouyer, à compte d’auteur, 1998. «Plumes d’ange», texte de Claude Nougaro, Éditions Achimbaud, Paris, 1996. La Fourmi électronique, Philip K. Dick, éditons Estienne, Paris, 1993.
Monographie : Extra-muros, Paul Ripoche, Caroline Bouyer, Musée du dessin et de l’estampe originale, Gravelines, 2013.