Chantiers, réseaux routiers et chemins de fer
avril - juin 2025

Sergio Birga, Caroline Bouyer, Frédéric Chaume, Anne Charagnac, Corinne Lepeytre
Linoléum, xylogravure, aquatinte et carborundum
De la déconstruction à la (re)construction, la ville est un paysage en transformation.
Partant d’une friche ou du cratère d’une démolition, jusqu’au sommet d’une grue, l’urbanisme attrape le regard des artistes par ses lignes verticales, horizontales, diagonales ou courbes.
Chaque artiste a une approche singulière de ce paysage, à distance ou en plongée directe sur le terrain : approche figurative critique ou regard sur les formes, appropriation du territoire, effets de mouvement et de vitesse, géométrie variable de la ville, décomposition d’un site, déformation de l’image… le figuratif peut aussi, à tout moment, basculer dans l’abstraction.
"Travaillant dans des lieux et à des moments différents, il ne paraît pas qu’il y ait eu concertation entre ces artistes, qu’il s’agisse des sujets ou des manières de les traiter. On pourrait presque le croire, tellement l’unité se manifeste dans l’accrochage de la galerie. Cette belle rencontre non loin des travaux en voie de finition à Notre-Dame (de toute façon, à Paris, il y a toujours un chantier quelque part pas très loin), est à la fois une surprise et une réussite."
Maxime Préaud, Vu&Lu sur Manifestampe.net, 3 mai 2025.
Outre sa capacité à rendre les textures, la gravure joue avec le temps et la pluralité des temps. On appelle ça des ‘états’ ou des ‘épreuves’. Mieux que la peinture et le dessin, la gravure garde l’œuvre en mémoire et peut la modifier. Caroline Bouyer aurait voulu concilier les deux avantages : peinture définitivement encadrée ou gravure en perpétuel chantier. Elle eut recours au carborundum, métal inusable qui raye le diamant, et qui, réduit en poudre et noyé dans un mortier va donner le relief que la gravure exige. La pâte durcie qui va fouler le papier est déposée au pinceau sur la plaque de métal ou de plexiglass. Il y a un ‘effet carborundum’ qui donne des lignes larges et pleines, des surfaces sensuelles comme celles du vernis mou, de la manière noire ou de l’aquatinte. Si l’on veut des traits nets, il faut revenir au burin, aux traits duvetés à la pointe-sèche ou aux traits rongés à l’eau-forte.
Michel Melot, dans Les Noirs dessins de Caroline Bouyer, 2018 (?).
Exposition présentée du 29 avril au 14 juin 2025