Un MONDE gravé
« Toute figure est un monde, un portrait dont le modèle est apparu dans une vision sublime, teint de lumière, désigné par une voix intérieure, dépouillé par un doigt céleste qui a montré, dans le passé de toute une vie, les sources de l’expression. » 
Balzac, Le Chef d’œuvre inconnu, 1831.
Francis Capdeboscq, Lecture du Livre de vie, 
tiré du livre APOCAL, 1995
De l’invisible à l’illisible
Présenter les œuvres de Francis Capdeboscq, c’est aborder le fantastique, l’étrange, l’invisible, voire « l’illisible ». L’artiste nous ouvre les portes de mondes fantastiques qui se révèlent à la frontière de la réalité. Ces mondes prennent forme de réalité tout en sortant littéralement de tout espace-temps. Au seuil de chaque estampe, on franchit la membrane fine d’un autre monde qui semble pourtant bien là et qui nous entoure sans doute.
La première « révélation » est le livre de l’Apocalypse, histoire fantastique originelle. Capdeboscq reçoit cette «révélation» au début des années 1990, en découvrant la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers, tenture médiévale qui a la particularité d'être sans envers : les arrêts de fils étant cachésla face non-visible de l'œuvre a conservé ses couleurs d’origine. La tapisserie alors en restauration est décrochée, et Capdeboscq a le privilège d’en voir l’envers. Il passe littéralement de l’autre côté, traverse la membrane, plonge dans le fantastique, déjà son domaine, et travaille à son premier livre d’artiste. Apocal est imprimé en 1995 à 50 exemplaires sur Vélin d’arches, retraçant six des fragments disparus de la tapisserie : gravures à l’eau- forte et aquatinte, texte de l’Apocalypse de Saint-Jean traduit de la Vulgate par Bossuet, typographie composée à la main et impression par René Jeanne. Des planches pour un second volume existent, mais en attendant, des exemplaires de ce volume font partie des réserves de la BnF (bientôt sur Gallica), de la BhvP, de la Bibliothèque Sainte-Genevière, des bibliothèques d'Angers (fonds Apocalypse), de Nevers et de Caen.
Ce monde invisible, il le voit, le traverse et le travaille toujours pour le révéler sans relâche. 
Au fil de son œuvre, les inspirations fantastiques de la poésie et de la littérature (Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft), ou de la peinture (Jérôme Bosch par exemple) s’entremêlent aux souvenirs personnels pour tisser ses ouvrages. Son aiguille est une pointe sèche qui sillonne le cuivre pour raconter ce monde ou ces mondes, avant tout à l’encre noire. 
« Eau-forte rehaussée d’aquatinte, de pointe sèche, adoucie ou brutalisée par l’action du grattoir et du brunissoir, il y a aussi dans chacune de ces estampes, imprimées très proprement d’un beau noir, une leçon technique, qui rendra jaloux les émules de l’artiste et plongera les amateurs dans l’admiration perplexe.
Les sources d’inspiration de Francis Capdeboscq sont multiples et elles-mêmes riches d’images, telles que la Divine comédie ou l’Apocalypse, et Edgar Poe ou Lovecraft, voire Jim Harrison, ne sont pas loin de son propos. »
Maxime Préaud, Arts & Métiers du Livre, janvier/février 2025.
La plaque encrée, la gravure se fait naturellement livre. Le trait n’est jamais loin de la lettre, qui ponctue les estampes. 
Mimesis – Bestiaire mimétique (1997, un exemplaire à la BhvP et au Museum), La Cigale et la Fourmi (2000), Petites Géologies (2001), Zôon (2002), Ajouré Secret (2003) qui voit l’introduction de la couleur et du linoleum, Arthel (2006), Double Infini (2009), Un drapeau sur la Lune (2010) d’après « Le Chef d’œuvre inconnu » de Balzac, Tanka et Tombeau Indien (2012), Mon cœur sans rivages (2013), Verlaine (2015), Danseurs du Nayarit (2023), L’Illisible (2024).
Dans ce travail sur l’invisible, de l’Apocalypse à L’Illisible en passant par le « Chef d’œuvre inconnu » (dont le tableau n’est visible et « réel » que pour l’artiste, Frenhofer), Capdeboscq grave son imaginaire au fil des pages et voyage en barque ou en ballon dans des mondes parallèles dont les portes peuvent aussi être des tombeaux.
Vers une nouvelle écriture
Dans le prolongement de ces œuvres abouties, toutes les épreuves sont conservées précieusement. Elles serviront à une nouvelle écriture : découpées selon un protocole inventé et respecté scrupuleusement, Capdeboscq crée des Assemblages minutieux où toutes ses créations se retrouvent en un carré composé de 16 petits carrés de 3x3cm, mélangeant les œuvres fantastiques de l’invisible et de l’illisible… mais on y voit toujours, reconnaissables, des extraits de végétation, des corps, des visages, ici un arbre, là un nuage ou une lettre. Cette recomposition fait appel à notre mémoire, puisque l’on a vu les œuvres dans leur ensemble et qu’on les reconnait. 
Dans cette nouvelle ré-écriture, les œuvres se mêlent, les mondes parallèles se touchent, se croisent et se rejoignent. Kaléidoscope, éclatement, "pixellisation" méthodique, chaque assemblage rassemble les histoires pour finalement révéler, encore, un autre monde gravé. 
--------------------------
Exposition présentée du 20 février au 29 mars 2025
L’artiste sera présent le soir du vernissage 
les mercredi après-midi
les samedi 1er, 15 et 29 mars après-midi

La galerie est ouverte
mardi, mercredi et jeudi de 14h à 18h
les vendredi et samedi sur rendez-vous
Exposition organisée 
avec la complicité de Corinne Lepeytre 
--------------------------

You may also like

Back to Top